Histoire (courte) du théâtre français
Un texte d'approche du théâtre en France pour un niveau B2/C1. Testé en cours, c'est très bien passé avec quelques explications, mon apprenante était contente de cet aperçu et avait vraiment l'impression d'avoir appris quelque chose.
Il s'agit d'un condensé (bien concentré) de mes cours avec Mme Rollinat-Levasseur à la Sorbonne Nouvelle.
Le théâtre
prend son origine en Grèce antique, lors des fêtes
réservées au dieu du vin Dyonisos. Il symbolise
l'ivresse, l'inspiration débridée, les métamorphoses
(changements de forme) le voyage, l'errance (voyager sans but),
l'étranger et le comédien.
Les premières
pièces de théâtres, des tragédies (pièces
tristes), ont été jouées en dehors des villes
grecques, en honneur de Dyonisos, et parlaient de politique, de
morale, de philosophie, de religion. Être comédien ou
aller au théâtre était un acte citoyen (on est un
bon Grec, on s'intéresse à sa nation, son pays, et ses
valeurs). La théâtre était un endroit où
on réfléchissait.
Après les
tragédies, les Grecs ont commencé à faire des
comédies, des textes légers pour rire et caricaturer
les hommes politiques de l'époque. Les pièces étaient
encore très simples : peu de personnages, une seule histoire,
un chœur – groupe de chanteurs – un texte écrit par un
auteur à partir du 6ème siècle av. J.-C. (Avant
cette période on n'a pas de trace écrite).
En 361 av. J.-C. Les
Romains ont joué leur première pièce de théâtre.
Cela a commencé avec une parodie de danse, puis on a ajouté
de la musique, des paroles, et enfin on a écrit le texte. Les
Romains ont commencé par reprendre les grandes pièces
grecques, puis certains auteurs ont enrichi le théâtre
en ajoutant des personnages et en les codifiant (on retrouve toujours
les mêmes : le gentil amoureux, la gentille et jolie fille, le
méchant père, l'esclave drôle et intelligent...).
Les pièces deviennent plus violentes dans les sentiments et
les histoires : on se bat, on meurt en saignant beaucoup, on devient
fou, on se met en colère, etc.
II : Le moyen âge
On ne connaît pas
bien le théâtre au début du moyen âge.
Après l'invention de l'imprimerie, beaucoup de textes sont
publiés et on en a gardé beaucoup aujourd'hui.
Le théâtre,
comme chez les Grecs, est joué dans des lieux fabriqués
pour l'occasion, pendant des fêtes, par des gens qui ne sont
pas comédiens. Au début les pièces sont en latin
et en français. A partir du Xème siècle on
introduit la religion : les gens ne savent pas lire, alors pour
expliquer la vie de Jésus et des saints on fait de grandes
pièces de théâtre. On mélange le rire et
les larmes et toute la ville travaille pour réaliser la pièce
et faire une grande fête très belle.
Un peu plus tard, on
fait payer pour assister aux représentations, et en 1548 le
théâtre est interdit par l'Église. Mais on
continue à jouer et on aime faire rire. Le théâtre
est interdit, alors le théâtre parle de tout ce qui est
interdit.
Au XVIème siècle,
on redécouvre les textes grecs et latins et on écrit
des œuvres littéraires pour le théâtre : ce sont
de grands textes ennuyeux.
Au XVIème siècle,
la tragédie disparaît et les comédies ne sont pas
toujours réussies. Les auteurs écrivent pour une seule
troupe (un groupe de comédiens) et n'ont pas le droit de faire
éditer leurs textes. A cause de grandes guerres on invente des
textes pour faire rêver et oublier sa tristesse.
En 1577, la France et
l'Italie s'entendent bien, on fait venir des comédiens
italiens, qui jouent la commedia dell'arte. Comme dans les dernières
pièces latines, il y a toujours les mêmes personnages,
avec des histoires simples et drôles. Les comédiens
n'ont pas de texte écrit, juste une histoire à
respecter appelée canevas. On fait du spectacle, on cherche
des sensations fortes : on tue, on viole, on se moque (on rit des
autres).
Avec Louis XIV, le
Cardinal Richelieu décide de transformer le théâtre
pour qu'il fasse la gloire de la France : les auteurs sont payés
pour leur travail par des gens riches (on appelle ça le
mécénat) et ils font publier leurs textes. Aller au
théâtre devient un acte social : le roi va au théâtre
pour regarder l'histoire, les gens vont voir le roi et cherchent qui
est venu. Les femmes vont au théâtre aussi, alors pour
leur plaire les auteurs écrivent des textes moraux (les
gentils gagnent toujours, les personnages sont polis) et moins
violents. Pour plaire au roi, les acteurs sont bien payés, ils
peuvent s'acheter des costumes, se laver, avoir de beaux décors.
Au XVIIème
siècle, on écrit pour avoir de beaux textes et de
belles histoires dramatiques et comiques, en reprenant les auteurs
grecs et latins et en imitant les comédiens italiens. On
invente une règle d'unité : une seule histoire, un seul
lieu, un seul jour. Comme ça on comprend mieux et tout est
plus cohérent (c'est possible, on y croit).
Après Louis XIV,
au XVIIIème siècle, le théâtre va mal :
les auteurs essaient de copier Molière et Racine, qui ont eu
beaucoup de succès, et ils font des mauvaises pièces.
L'opéra et la commedia italienne font de la concurrence car
ils peuvent utiliser du matériel et des personnages que le
théâtre français n'utilise pas (des anges, des
gens soulevés par des cordes pour les faire voler...). Et puis
on trouve de nouvelles idées, on parle d'amour (Marivaux), on
montre que les valets sont meilleurs que les maîtres
(Beaumarchais), on parle de philosophie sans en avoir l'air. La
période des Lumières, avec les grands philosophes
français, est une période de renouvellement.
IV : Le XIXème siècle
On décide de tout
casser pour faire du neuf et on imite Shakespeare, auteur anglais du
XVIème siècle. On met beaucoup de personnages, beaucoup
de lieux, beaucoup d'histoires différentes. On invente le
mélodrame et le « vau de ville », des
pièces drôles avec des textes très travaillés
qui font rire la bourgeoisie.
On va au théâtre
pour voir et être vu, et souvent pour trouver un mari ou une
femme pour soi ou ses enfants.
Le théâtre
redevient un lieu de réflexion politique, et on écrit
plus pour les textes ou pour les acteurs (Sarah Bernhardt) que pour
la scène. Les auteurs écrivent aussi des romans et de
la poésie.
L'électricité
et les éclairages nouveaux sur la scène permettent de
faire des grands décors avec des jeux de lumière, on
travaille beaucoup sur la mise en scène (comment placer les
acteurs, quels décors utiliser, quelle lumière, quelles
couleurs) et l'acteur devient très important. On invente de
nouvelles façons de jouer, les auteurs écrivent avec
les metteurs en scène (ceux qui dirigent les comédiens)
et on réutilise les textes classiques considérés
comme des modèles.
On va au théâtre
pour rire, réfléchir, découvrir ou redécouvrir
les grands auteurs et voir de grands acteurs.
La télévision
vient filmer les pièces et on peut aller au théâtre
en restant dans son salon.
La Comédie
Française, la troupe de Molière, existe toujours et est
une référence pour le théâtre, mais
beaucoup de gens la trouvent « coincée »,
pas assez souple. Un acteur qui est admis à la Comédie
Française devient très célèbre, car ça
veut dire qu'il est très doué.