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Nitt prof de FLE
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30 mars 2009

Histoire (courte) du théâtre français

Un texte d'approche du théâtre en France pour un niveau B2/C1. Testé en cours, c'est très bien passé avec quelques explications, mon apprenante était contente de cet aperçu et avait vraiment l'impression d'avoir appris quelque chose.

Il s'agit d'un condensé (bien concentré) de mes cours avec Mme Rollinat-Levasseur à la Sorbonne Nouvelle.

I : L'antiquité

Le théâtre prend son origine en Grèce antique, lors des fêtes réservées au dieu du vin Dyonisos. Il symbolise l'ivresse, l'inspiration débridée, les métamorphoses (changements de forme) le voyage, l'errance (voyager sans but), l'étranger et le comédien.
Les premières pièces de théâtres, des tragédies (pièces tristes), ont été jouées en dehors des villes grecques, en honneur de Dyonisos, et parlaient de politique, de morale, de philosophie, de religion. Être comédien ou aller au théâtre était un acte citoyen (on est un bon Grec, on s'intéresse à sa nation, son pays, et ses valeurs). La théâtre était un endroit où on réfléchissait.
Après les tragédies, les Grecs ont commencé à faire des comédies, des textes légers pour rire et caricaturer les hommes politiques de l'époque. Les pièces étaient encore très simples : peu de personnages, une seule histoire, un chœur – groupe de chanteurs – un texte écrit par un auteur à partir du 6ème siècle av. J.-C. (Avant cette période on n'a pas de trace écrite).
En 361 av. J.-C. Les Romains ont joué leur première pièce de théâtre. Cela a commencé avec une parodie de danse, puis on a ajouté de la musique, des paroles, et enfin on a écrit le texte. Les Romains ont commencé par reprendre les grandes pièces grecques, puis certains auteurs ont enrichi le théâtre en ajoutant des personnages et en les codifiant (on retrouve toujours les mêmes : le gentil amoureux, la gentille et jolie fille, le méchant père, l'esclave drôle et intelligent...). Les pièces deviennent plus violentes dans les sentiments et les histoires : on se bat, on meurt en saignant beaucoup, on devient fou, on se met en colère, etc.


II : Le moyen âge

On ne connaît pas bien le théâtre au début du moyen âge. Après l'invention de l'imprimerie, beaucoup de textes sont publiés et on en a gardé beaucoup aujourd'hui.
Le théâtre, comme chez les Grecs, est joué dans des lieux fabriqués pour l'occasion, pendant des fêtes, par des gens qui ne sont pas comédiens. Au début les pièces sont en latin et en français. A partir du Xème siècle on introduit la religion : les gens ne savent pas lire, alors pour expliquer la vie de Jésus et des saints on fait de grandes pièces de théâtre. On mélange le rire et les larmes et toute la ville travaille pour réaliser la pièce et faire une grande fête très belle.
Un peu plus tard, on fait payer pour assister aux représentations, et en 1548 le théâtre est interdit par l'Église. Mais on continue à jouer et on aime faire rire. Le théâtre est interdit, alors le théâtre parle de tout ce qui est interdit.
Au XVIème siècle, on redécouvre les textes grecs et latins et on écrit des œuvres littéraires pour le théâtre : ce sont de grands textes ennuyeux.

III : Après la Renaissance

Au XVIème siècle, la tragédie disparaît et les comédies ne sont pas toujours réussies. Les auteurs écrivent pour une seule troupe (un groupe de comédiens) et n'ont pas le droit de faire éditer leurs textes. A cause de grandes guerres on invente des textes pour faire rêver et oublier sa tristesse.
En 1577, la France et l'Italie s'entendent bien, on fait venir des comédiens italiens, qui jouent la commedia dell'arte. Comme dans les dernières pièces latines, il y a toujours les mêmes personnages, avec des histoires simples et drôles. Les comédiens n'ont pas de texte écrit, juste une histoire à respecter appelée canevas. On fait du spectacle, on cherche des sensations fortes : on tue, on viole, on se moque (on rit des autres).
Avec Louis XIV, le Cardinal Richelieu décide de transformer le théâtre pour qu'il fasse la gloire de la France : les auteurs sont payés pour leur travail par des gens riches (on appelle ça le mécénat) et ils font publier leurs textes. Aller au théâtre devient un acte social : le roi va au théâtre pour regarder l'histoire, les gens vont voir le roi et cherchent qui est venu. Les femmes vont au théâtre aussi, alors pour leur plaire les auteurs écrivent des textes moraux (les gentils gagnent toujours, les personnages sont polis) et moins violents. Pour plaire au roi, les acteurs sont bien payés, ils peuvent s'acheter des costumes, se laver, avoir de beaux décors.
Au XVIIème siècle, on écrit pour avoir de beaux textes et de belles histoires dramatiques et comiques, en reprenant les auteurs grecs et latins et en imitant les comédiens italiens. On invente une règle d'unité : une seule histoire, un seul lieu, un seul jour. Comme ça on comprend mieux et tout est plus cohérent (c'est possible, on y croit).
Après Louis XIV, au XVIIIème siècle, le théâtre va mal : les auteurs essaient de copier Molière et Racine, qui ont eu beaucoup de succès, et ils font des mauvaises pièces. L'opéra et la commedia italienne font de la concurrence car ils peuvent utiliser du matériel et des personnages que le théâtre français n'utilise pas (des anges, des gens soulevés par des cordes pour les faire voler...). Et puis on trouve de nouvelles idées, on parle d'amour (Marivaux), on montre que les valets sont meilleurs que les maîtres (Beaumarchais), on parle de philosophie sans en avoir l'air. La période des Lumières, avec les grands philosophes français, est une période de renouvellement.


IV : Le XIXème siècle

On décide de tout casser pour faire du neuf et on imite Shakespeare, auteur anglais du XVIème siècle. On met beaucoup de personnages, beaucoup de lieux, beaucoup d'histoires différentes. On invente le mélodrame et le « vau de ville », des pièces drôles avec des textes très travaillés qui font rire la bourgeoisie.
On va au théâtre pour voir et être vu, et souvent pour trouver un mari ou une femme pour soi ou ses enfants.
Le théâtre redevient un lieu de réflexion politique, et on écrit plus pour les textes ou pour les acteurs (Sarah Bernhardt) que pour la scène. Les auteurs écrivent aussi des romans et de la poésie.

V : Le XXème siècle

L'électricité et les éclairages nouveaux sur la scène permettent de faire des grands décors avec des jeux de lumière, on travaille beaucoup sur la mise en scène (comment placer les acteurs, quels décors utiliser, quelle lumière, quelles couleurs) et l'acteur devient très important. On invente de nouvelles façons de jouer, les auteurs écrivent avec les metteurs en scène (ceux qui dirigent les comédiens) et on réutilise les textes classiques considérés comme des modèles.
On va au théâtre pour rire, réfléchir, découvrir ou redécouvrir les grands auteurs et voir de grands acteurs.
La télévision vient filmer les pièces et on peut aller au théâtre en restant dans son salon.
La Comédie Française, la troupe de Molière, existe toujours et est une référence pour le théâtre, mais beaucoup de gens la trouvent « coincée », pas assez souple. Un acteur qui est admis à la Comédie Française devient très célèbre, car ça veut dire qu'il est très doué.

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Commentaires
L
dur a faire le boulot
L
cool
Nitt prof de FLE
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