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Nitt prof de FLE
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27 octobre 2007

Ce que l'étranger remarque

Un voyageur, et tout particulièrement un anthropologue qui regarde vivre les Japonais note plusieurs éléments particuliers. Tout d'abord l'aptitude de la population à se déplacer par milliers d'individus sans en éprouver la moindre sensation d'étouffement, ni montrer aucune agressivité, et ce en respectant toujours les règlements, que ce soit le code de la route ou les règles de conduite dans les transports en commun, dans les lieux publics ou les magasins. Les Japonais restent calmes en toutes circonstances. Tout Français habitué à vivre dans une grande ville, à plus forte raison Paris, connaît un sentiment d'oppression quand il se trouve dans un lieu bondé, comme le métro ou un lieu très touristique. On connaît l'attitude des jeunes occidentaux qui fraudent dans les transports en commun, celle du Français de toute génération qui se montre facilement nerveux voire agressif à l'égard de toute personne qui se tient au milieu de son chemin, lui marche sur un pied, le bouscule légèrement, c'est à dire empiète sur son territoire, brise ses frontières personnelles et par là-même remet en cause son statut social d'individu. Ce même Français ne se gênera pas pour empiéter sur le territoire de son "agresseur" et cherchera ainsi à s'affirmer au sein de la masse dans laquelle il se trouve. Ce Français toujours, s'il le juge bon, se permettra toutes les infractions qui lui apporteront confort et satisfaction personnels (fumer dans les lieux publics, dépasser les limites de vitesse sur la route pour arriver plus vite à destination, traverser hors des passages cloutés, jeter ses papiers sans se soucier de savoir s'il existe une poubelle à plus d'un mètre de distance de sa personne, etc.). Le Japonais qui visite la France ou qui observe un Français en dehors de ses frontières le trouve indiscipliné et parfois sale, et lui reproche son individualisme surpuissant, qu'il qualifiera facilement d'égoïsme.

L'attitude des Japonais, très respectueux des normes et des règles, entraîne un sentiment de sécurité inconnu de l'occidental. Si la politesse nipponne est célèbre, leur honnêteté mérite de l'être également. Dans les quartiers résidentiels moyens de Tôkyô les parents n'ont pas peur de voir leurs enfants sortir après vingt-deux heures, où les rues sont désertes, parce qu'ils savent que rien ne peut leur arriver. De même les Japonais qui discutent avec des parents français, soucieux du départ de leurs enfants dans un pays si éloigné, les rassurent sur le fait que le taux de délinquance y est extrêmement bas et qu'ils ne doivent se faire aucune inquiétude.

Les hommes d'affaire, ou salary-men, se déplacent dans les rues avec de très grosses sommes d'argent en poche, car tout se paie en liquide (les chèques n'existent pas et la carte bleue est très rarement employée) et le vol est si rare que personne ne voit de danger à détenir d'impressionnantes liasses de billets dans son portefeuille. Les gens ont l'habitude également de profiter des transports en commun, dans lesquels il passent de une heure et demie à quatre heures par jour, pour dormir ; et personne n'aurait l'idée de rester éveillé spécifiquement pour éviter de se faire fouiller les poches. Les dormeurs laissent parfois tomber leur tête sur l'épaule de leur voisin, et très peu se permettent de les réveiller, malgré la perception de ce "laisser-aller" comme impoli.

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Les services de livraison fournissent leurs clients dans des plats identiques à ceux que l'on trouve chez les gens eux-mêmes, c'est à dire en porcelaine ou en bois, car les clients les rendront au livreur à leur prochaine commande ou se déplaceront jusqu'à la boutique pour les restituer. Rien de comparable avec les plats jetables en plastique et en carton que connaissent les occidentaux. Dans le même registre, les karaokés (première distraction nationale) ont une disposition très différente des nôtres : chaque client dispose d'une pièce particulière, semblable à un salon, dans laquelle sont rangés le poste de télévision et la chaîne avec laquelle il chante, et où il peut commander des boissons. On devine qu'un établissement semblable en France ou dans tout autre pays européen devrait faire face à la détérioration des locaux et surtout le vol du matériel d'excellente qualité. Le fait que les boissons sont disponibles dans les salles de chant, qui sont toutes fermées et dont on ne peut contrôler l'intérieur, montre la confiance accordée aux clients pour qu'ils fassent attention à ne rien renverser sur le mobilier.

Dernier exemple : les distributeurs automatiques présents presque partout dans les villes. Des cigarettes aux boissons chaudes en passant par les pâtes, ils fournissent des produits très divers, sont des milliers, et peuvent exister grâce au respect que montrent les Japonais face aux biens d'autrui. Les quelques distributeurs que nous observons en Europe sont attachés et pourvus de systèmes de sécurité qui empêchent les indélicats de piller l'appareil.

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Dans le métro, comme partout, la discipline est de rigueur.

Tout ceci nous montre bien quelle confiance règne parmi les Japonais. Le calme perçu lorsqu'ils sont plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de personnes au même endroit s'explique donc par le respect strict des règles, ce qui entraîne un sentiment de sécurité et le manque total d'agressivité. Mais comme nous l'avons vu ce type de comportement est loin d'être universel. Comment les Japonais aquièrent-ils cet état d'esprit? Qu'est-ce qui rend cette attitude "naturelle" chez eux?

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